de sabots, mam’zelle, à ce qu’il me semble. Pour sûr, vous avez les pieds mouillés ?
— C’est vrai, j’ai oublié mes sabots.
— Je cours vous les chercher, Mam’zelle Lucie.
— Merci, mais c’est inutile à présent.
— Non point, mam’zelle, la prée est large, et vous auriez le temps de vous enrhumer tout à fait. Tenez, votre voix est déjà tout enrouée. Et la rigole au coin du jardin, qui pour sûr est débordée, comment la passeriez-vous ?
Sans attendre un consentement, le jeune paysan, qui craignait l’humidité pour Lucie, quitta ses sabots afin d’aller plus vite et partit comme un trait.
— Il est toujours bon ! se dit la jeune fille. Jamais Gustave ni aucun autre n’a eu tant d’attention pour moi que ce pauvre Michel. Maintenant nous ne pouvons plus être amis. Lui, heureusement, il a de nouveaux plaisirs ; moi, je n’ai grandi que pour atteindre la douleur et la solitude.
Au bout d’un instant elle rencontra Michel qui revenait avec les sabots.
— Je n’ai vu personne, dit-il. La porte était ouverte, et il y avait plusieurs paires de sabots dans le corridor. Mais en tâtant j’ai pris les plus petits. C’est bien ça, continua-t-il en s’agenouillant dans l’herbe pour mettre lui-même la rustique chaussure aux pieds de Lucie. À présent, bonsoir, mam’zelle, et au revoir.
Lucie trouva la maison toute dérangée pendant son absence. Mme Bertin essayait, en gémissant, de préparer le souper ; mais elle brouillait tout, ne trouvait pas ce qui était nécessaire, et répétait à chaque instant : — Vraiment, je ne sais pas où peut être Lucie ! M. Bertin était allé sur le chemin du village, espérant la rencontrer. Au coin du feu retentissait plus sèche et plus fréquente la toux de