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— Oh ! bien certainement, Michel, je m’en souvenais. Tenez, là précisément, tout à l’heure, en voyant ce vieux pommier, je pensais à nos jeux d’autrefois.

— Vrai, mamz’elle Lucie, vous vous souvenez de tout ça ! Oh ! vous êtes bien toujours la même, vous ! Quel bon temps c’était ! J’y pense souvent. Eh bien ! puisque vous ne l’avez point oublié, mam’zelle Lucie, j’y repenserai encore avec plus de plaisir.

— Je me rappelais, Michel, combien vous étiez bon pour moi, et que, lorsque Chérie me faisait quelque mauvais tour, vous preniez toujours ma défense. Une fois j’eus beaucoup de peine à vous empêcher de la battre, parce qu’elle m’avait pincée jusqu’au sang.

— Oui ! la Chérie n’a jamais été bonne. Tout allait bien quand elle n’y était pas, car Gène et Isidore étaient de braves enfants, et vous, mam’zelle Lucie, vous étiez si bonne et si gentille qu’on était content rien que d’être avec vous.

Tout en causant, ils avaient atteint le haut de la prairie, et n’étaient pas loin de la haie qui, de ce côté, séparait le pré de la Françoise du pré de M. Bertin. Lucie avait eu le temps de se remettre.

— Bonsoir, Michel, dit-elle.

— Vous n’avez pas peur, mam’zelle, toute seule ainsi à la nuitée ? Je vas vous reconduire, si vous voulez.

— Merci, Michel. Oh ! je n’ai pas peur.

— C’est vrai ! Je me rappelle comme vous vous gaussiez de nous quand nous parlions de la bête blanche et des sorciers.

— Est-ce que vous y croyez toujours, vous, Michel ?

— Non, pas beaucoup, répondit-il naïvement. Pourtant, ça m’a pris, des fois. Voyez-vous, mam’zelle Lucie, quand de jeunesse on vous a fourré ça dans la tête, plus moyen que ça en sorte tout à fait. Mais vous n’avez pas