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comme ils sont. — Donnez-moi cette nappe, mère Bourguignonne. — Un jour donc, pour en revenir à Mlle Amélie, on apprend qu’elle est malade, et la voilà morte deux jours après. Ça fit grande peine. Tout le monde disait : Quel dommage ! et se demandait de quelle maladie. Mais le médecin lui-même n’y comprenait rien. On l’enterra donc. Un soir que les servantes du quartier causaient ensemble sur le pas de leurs portes, un peu tard, voilà que la servante de chez les Boissot dit que, pour elle, elle n’est pas pressée de rentrer, parce qu’elle a sur le cœur des choses qui l’empêcheront de dormir sa vie durant. Justement la servante du médecin était là avec les autres, elle répéta cela chez elle, en sorte que le médecin eut des soupçons et avertit les juges. On interrogea la servante ; et elle dit des choses qui firent qu’on alla tout de suite arrêter M. Gavel, avec une sage-femme de Poitiers. Oui ! oui, M. Gavel a été en prison, lui qui voulait bien y faire mettre mon homme, avec Michel et Jean, le mari de Lisa. Enfin on déterra Mlle Boissot, et les médecins virent qu’elle était morte d’une fausse couche, à cause de drogues qu’elle avait prises. Tout ce qui a été dit et contredit pendant le procès, je ne saurais vous le répéter, mais toujours est-il que la sage-femme a été condamnée et que M. Gavel n’a échappé que parce qu’on n’a pas pu trouver assez de preuves contre lui. Mais il n’en est pas sorti blanc, comme on dit, et même que dans le jugement les juges ont déclaré, il me semble, qu’il était coupable tout de même, ou quelque chose comme ça. Alors à Poitiers tout le monde leur a tourné le dos, et l’on n’a même plus voulu voir Mme Gavel, quoique bien sûrement ça n’était pas de sa faute. On connaissait pourtant assez M. Gavel auparavant ; mais Mme Michel m’a dit que dans le monde c’était ainsi, qu’on y peut faire les plus grandes sottises sans être moins considéré, à condition qu’on ne