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entre nous. Tout de même, il me fait peine en ce moment-ci.

— Il y a donc quelque chose de nouveau ? demanda Lucie.

— Je crois que oui. La madame Bourdon est partie d’hier pour Rennes, et ton oncle a l’air tout triste. Je l’ai entendu parler avec maman Bertin de Mme Gavel et de Panama. Si c’est pour y aller, c’est bien loin. Il m’a demandé où tu étais, et je lui ai répondu que j’allais te prévenir. Ça sera soi-disant pour te parler de son journal d’agriculture, qu’il nous apporte, mais au fond c’est pour te conter ses peines et prendre conseil de toi. Tu feras donc bien de l’emmener au jardin pour causer.

— Il est vrai, dit Lucie, que mon oncle me témoigne beaucoup de confiance depuis quelque temps. Il voit que je m’entends au bonheur, ajouta-t-elle en se tournant vers son mari, qui lui répondit par un regard où le Michel d’autrefois se retrouva tout entier.

Formant avec du linge deux couches improvisées, les deux jeunes femmes déposèrent côte à côte sous l’ombre du pommier leurs enfants endormis.

— Et maintenant, dit Gène, qu’il n’y a plus de linge à plier, je vais aider un peu à la laverie, pendant que tu iras voir ton oncle. Je prétends que la lessive soit sèche avant que je m’en aille ce soir, et l’on entend là-bas moins de coups de battoir que de coups de langue.

— Ça fera, dit Michel, qu’il y aura un peu plus.

— De quoi, malin ?

— Des deux, répondit-il.

— Je vas te charger de linge pour ta peine, répliqua-t-elle en riant, et de fait elle lui en mit sur l’épaule un tas énorme, qu’il monta vers la maison, accompagné de Lucie. Louis et Micheline les suivirent, attirés par l’heure