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— Ah ! voici Michel.

— Tu le sentais venir, est-ce pas ? dit Gène en riant.

— C’est vrai que lorsqu’il y a plus d’une heure que nous ne nous sommes vus, nos yeux se mettent à chercher d’eux-mêmes, et ce qu’ils cherchent ne tarde pas à se montrer. S’il n’était pas venu, j’allais imaginer un ou deux bons motifs de retourner à la maison. Lui, certainement, il vient aussi pour quelque chose d’utile ; tu vas voir.

— Eh bien, ne faut-il pas vous porter du linge ? dit Michel en arrivant.

Les deux jeunes femmes éclatèrent de rire. En même temps, Louis et Micheline, qui folâtraient à quelques pas, accoururent se jeter dans les jambes de Michel, tandis que Lucien et Geneviève, assoupis dans le giron de leurs mères, se réveillaient en criant.

— Oh ! oh ! qu’est-ce qu’il y a donc ? demanda Michel, qui prit le parti de se laisser glisser sur l’herbe entre les deux bambins. Et pendant qu’ils grimpaient, l’un sur son dos, l’autre dans ses bras, il ajoutait en regardant malignement Gène et Lucie, qui secouaient leurs marmots en riant toujours :

— Que d’enfants !… Dieu !… que d’enfants !

Fort et heureux, tel est l’aspect de Michel. Six ans de bonheur tranquille ont donné plus d’ampleur à sa stature, et à ses traits plus de sérénité, sans éteindre le feu de ses yeux, ni l’expression intelligente de sa physionomie. En voyant l’expression de son regard attaché sur Lucie, un observateur du monde jurerait que cette femme-là n’est pas la sienne.

— Ton oncle Bourdon est à la maison, dit-il.

— Jamais il ne dira, mon oncle, interrompit Gène.

— Est-ce qu’il dit, mon neveu ? répliqua Michel. D’ailleurs, pour de la vraie parenté, il n’y en a point