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Ils étaient âgés de cinq ans l’un et l’autre, et leurs mères en riant les disaient jumeaux.

Comme les paysannes de Chavagny, Mme Michel était vêtue d’une simple robe de coton, avec un grand tablier de même étoffe. Mais cette robe très-bien faite, s’ouvrait gracieusement sur un fichu intérieur de mousseline brodée, au travers duquel éclatait la blancheur du cou de la jeune femme, et sous son grand chapeau de paille on voyait comme autrefois deux bandeaux bien lisses et de belles nattes roulées soigneusement.

— Vous avez le beau temps, Lucie, dit en arrivant la mère Françoise, et votre linge est blanc comme neige. Ça n’est pas ma faute, au moins, si je n’ai pas gardé le petit plus longtemps ; mais quand il ne vous voit pas, ma fille, il brame après vous comme les chevreaux dans l’étable quand la mère est aux champs, et ça fait que je l’ai ramené pour qu’il ne pleure point.

— Je vous remercie, ma mère, dit Lucie en l’embrassant, pour me l’avoir gardé pendant une heure et pour ne l’avoir point contrarié. Maintenant il sera bien sage, et ne mettra plus son petit pied sur le linge, n’est-ce pas, Lucien ?

— Vous êtes comme moi, Lucie, dit la Françoise, vous ne battez point vos enfants, ce qui fait qu’ils n’auront point de méchanceté. Michel, tout vif qu’il est, n’écraserait pas une mouche, vous savez ?

— Oh ! je le sais, mère, dit la jeune femme. Et vous savez que je vous aime ! ajouta-t-elle en attachant sur la mère de Michel ses beaux yeux humides.

— Oui, Lucie, vous êtes une bru comme je n’aurais osé en demander une au bon Dieu ; et pourtant il me l’a donnée tout de même, de quoi je le remercie tous les jours.

— Et pourtant, mère Françoise, dit Gène en souriant,