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XXI


On voit bien du changement en six années, même à Chavagny. Toutefois, en y rentrant au mois de juillet 1852, nous retrouvons au bourg sa même physionomie : la maison de maître Perronneau s’étale toujours imposante sur la grand’place avec ses rideaux de coton rouge ; mais la brune figure de Chérie nous apparaît cette fois sous un bonnet à fleurs et à rubans, au moment où elle descend d’une américaine conduite par M. Gorin, tenant à la main une petite fille de quatre ans environ, qui porte une robe à volants et un chapeau de soie, tandis que la Perronnelle, épanouie d’orgueil et de maternité, vient à leur rencontre. Mme Gorin a beaucoup enlaidi en quittant sa coiffe ; mais Mlle Boc en revanche est toujours la même ; derrière la fenêtre de la maison aux contrevents verts, voici bien sa figure sèche et curieuse, encadrée par les énormes tuyaux de son bonnet blanc, et l’aiguille à tricoter, fichée sur sa tempe, heurte inévitablement la vitre au bruit de vos pas.

Au seuil des maisons de la Grand’Rue, ce sont toujours les mêmes matrones, filant leur quenouille ou ravaudant. Il n’y a de changé que quelques enfants de plus.