Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/490

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et tout autour d’eux les petits oiseaux en chœur chantaient la lumière.

On décida d’un commun accord que le mariage serait conclu au plus vite, afin de laisser le champ moins vaste aux malins propos. Il fut fixé au 1er octobre. La mère Françoise vint, endimanchée, faire la demande ; et Michel ne dit pas combien, aussi de ce côté-là, prières et raisonnements avaient été nécessaires. Cependant cette démarche même faillit tout gâter, car Mme Bertin ne se crut point obligée de cacher combien ce mariage lui était pénible, et même elle fit à la Françoise des questions indiscrètes sur la naissance de Michel, à cause de l’imagination où elle était qu’un garçon aimé de Lucie, ne pouvant être un paysan, avait dû infailliblement être changé en nourrice. — Mme Bertin en conservera même le soupçon jusqu’à son dernier soupir, car on a vu des imbroglios durer plus longtemps encore. — Tant il y eut, que la Françoise sortit de cette entrevue fort en colère, disant que puisqu’on la méprisait, elle et défunt son homme, on pouvait bien se passer de son consentement, et il fallut toute l’influence de Michel sur sa mère pour la rendre à meilleur avis.

On acheta des bans à l’église, afin de n’avoir qu’une publication. Le soir de cette première démarche officielle, M. Bourdon vint chez les Bertin. Il dit tout de suite à Lucie :

— Viens avec moi faire un tour de jardin ; j’ai des greffes à te donner. Quand ils furent dans l’allée : — Tu vas épouser Michel ? dit-il.

— Oui, mon oncle, répondit-elle d’une voix ferme.

— Je n’ai pas besoin de savoir, mon enfant, par quelles épreuves, quels dégoûts et quels désespoirs tu as passé pour en venir à une résolution si extrême ; je les devine. Je ne te blâme pas, je viens à ton aide. Je conviens même avec toi que j’aurais dû y venir plus tôt.