dans une atonie si profonde, qu’on jugea la mort prochaine et qu’on fit venir le prêtre. Il apporta l’extrême onction, suivi comme à l’ordinaire par quelques vieilles femmes et par les voisins.
Une petite table, couverte d’un linge blanc, sur laquelle on posa les huiles, était dressée près du lit. Tout le monde s’agenouilla, et l’assistance en chœur, alternativement avec le prêtre, récita les litanies des agonisants. Mme Bertin, à genoux au chevet de Clarisse, priait et pleurait ; de l’autre côté du lit, étaient Gène et Lucie, et, derrière les assistants, Michel, un genou en terre, pâle et consterné. M. Bertin s’était enfui.
Aux accents élevés de la voix du prêtre, aux répons monotones et sourds, la malade s’agita et rouvrit les yeux. Peu à peu ses regards effarés se promenèrent autour d’elle, ses mains se crispèrent comme pour se retenir au bord d’un abîme, et comprenant enfin de quoi il s’agissait, elle murmura d’une voix désespérée : Je ne veux pas mourir ! Qu’ils s’en aillent, je ne veux pas mourir !
Lucie et Mme Bertin, se penchant vers elle, essayèrent de la calmer. On se hâta d’achever les prières et de congédier l’assistance. Puis, le prêtre s’adressant à Clarisse, l’exhorta à recevoir l’extrême onction avec des sentiments chrétiens. Mais elle répétait énergiquement :
— Laissez-moi ! je ne veux pas mourir !
— Mademoiselle Clarisse, dit Gène de sa voix douce, ma mère l’a reçue, et maintenant elle se porte bien.
Lucie demandait en sanglotant qu’on se retirât et qu’on laissât en paix la pauvre mourante. Mais le zèle ne regarde ni à quelques tortures de plus, ni à quelques heures de moins, et le prêtre insista.
— Ma sœur, dit-il, ceci n’est point un appareil lugubre, ni une cérémonie funeste ; c’est la religion qui vient vous consoler, adoucir votre âme, conjurer en vous l’esprit du