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— Pourquoi reviens-tu si tôt ? Nous ne t’attendions pas. Es-tu déjà lasse de triomphes ? dit-elle d’un ton âpre et douloureux.

— Je n’en avais pas, chère sœur, et je me sentais étrangère là-bas. Le monde est triste, vois-tu, pour ceux qui n’ont pas de fortune. Aurélie, de son côté, s’impatientait de traîner en société une parente pauvre qui montrait toujours la même robe à chaque bal. Enfin j’étais inquiète de toi, et je m’ennuyais.

— Tu as donc bien fait de revenir, dit Clarisse avec plus de douceur. Je suis heureuse de te revoir à la maison. Tes soins m’ont manqué bien souvent. J’ai beaucoup souffert ! Elle ajouta péniblement : Et M. Alphonse Riveau !

— Il est à Paris, ma chère, occupé de se consoler d’un chagrin qu’il n’a peut-être pas.

— Il renonce à son amour pour toi ?

— Complétement.

— Et tu ris ? cela va bien affliger nos parents ; ils espéraient…

— Eh bien, dit Mme Bertin en entrant, tu es revenue fort à propos, ma chère Lucie. L’oncle Grimaud est à toute extrémité, il faut que tu ailles le voir demain matin.

— Oui ! oui ! certainement ! répondit le père. Il a souvent montré de l’attachement pour Lucie. Mais il s’agit de savoir si la grande nièce de Châtellerault la laissera entrer. Pardieu ! nous verrons bien. J’irai avec elle, moi !

— Tu ne sais pas, Lucie ; en vérité, c’est une chose horrible comme tous les héritiers de ce pauvre oncle sont venus fondre sur lui à la nouvelle de sa maladie. Il n’y a pas jusqu’à Mme Bourdon qui n’ait la bassesse de s’y rendre tous les jours. Elle lui a toujours fait mille chatteries ; mais à présent elle s’installe à son chevet pen-