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— Hélas, non ! puisqu’il faut nous quitter déjà. Si par hasard mon père était allé à la rencontre de Bourguignon ? Ils vont être bien étonnés de mon arrivée.

— Quoi ! ils ne vous attendent point ?

— Non, dit-elle avec un peu d’embarras, je suis partie subitement.

— Lucie ! s’écria-t il d’une voix altérée, ce Gavel vous a fait quelque injure ?

— Il a été inconvenant envers moi, c’est vrai, et je suis partie dès le lendemain.

— Ah ! dit-il avec rage ; il me le paiera ! S’attaquer à vous ! Mais il n’a donc respect de rien sur terre ! Mais Jean avait donc bien raison de le vouloir tuer ! Et moi, qui le prêchais, j’étais un imbécile ! un véritable fou ! Ah ! cet homme saura que je suis votre promis, Lucie.

— Calmez-vous, Michel, votre femme a su se défendre elle-même. Une parole et un regard l’ont courbé aussi bas qu’aurait fait votre main.

— Il a osé vous toucher, peut-être ? demanda-t-il en frémissant.

— Non ; ce visage, Michel, n’a reçu de baisers que les vôtres ; épargnez-moi de vous raconter ce qui s’est passé ; mais ne soyez pas jaloux de ce misérable ! Adieu, mon ami ! Au revoir.

Et, s’échappant de ses bras, elle partit en courant.

Ce fut grand émoi pour M. et Mme Bertin que de voir tout à coup entrer Lucie. Accablée de questions, et sommée de déclarer si elle ne s’était point brouillée avec sa cousine, elle dut avouer qu’elle avait été forcée de se brouiller avec son cousin.

— Grand Dieu ! la dépravation des hommes d’à présent est donc sans bornes ? s’écria Mme Bertin. À quel péril l’innocence est exposée ! Il n’y a plus qu’iniquité !