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— Oui, madame, et vous seriez bien bonne de rester avec moi.

— Vous souffrez ?

— Beaucoup.

— Moi aussi, je vous assure. Je voudrais n’avoir pas rencontré cet enfant, puisque je n’ai pu lui être utile. Son cri me poursuivra. Que de choses douloureuses en ce monde ! Les hommes se jouent de cela ! Mais vraiment, vous êtes émue à ce point, mademoiselle Lucie ?

La jeune fille versait des larmes abondantes qui la soulagèrent. Un peu étonnée d’une si vive sensibilité, Mme Delbès lui présenta un flacon et s’efforça de la calmer. Les autres promeneurs avaient disparu au détour du chemin, et Mme Delbès s’inquiétait de les rejoindre, quand un bruit de roues annonça l’arrivée de la calèche, sur laquelle on avait pris les devants. Elles montèrent. Lucie faisait de violents efforts pour composer son visage et ne parlait pas. Mais tout à coup, en apercevant à peu de distance la société qu’elles allaient rejoindre, elle se pencha vivement à l’oreille de sa compagne :

— Cet enfant est le fils de votre frère, madame, empêchez qu’il ne meure à l’hôpital.

Mme Delbès fit un soubresaut :

— Que me dites-vous, mademoiselle ?

— C’est vrai ! reprit Lucie à demi-voix, croyez que c’est vrai, puisque j’ose vous le dire. N’avez-vous pas vu son trouble ?

— Je ne puis admettre… dit la jeune femme, et cependant, mademoiselle, quoi qu’il en soit… s’il y a lieu… je m’efforcerai…

Elle se tut ; on entourait la calèche.

— Partez-vous avec nous, ma cousine ? demandait Fernand.

Lucie fut obligée d’accepter sa main pour descendre.