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et rempli dans sa largeur par une grosse carriole arrêtée. Un homme en bonnet de coton, entouré du fouet en sautoir, semblait occupé à raccommoder le harnais du cheval, et sur une pierre du chemin était assise une femme enveloppée d’une cape noire, qui dandinait ses genoux en berceuse ; on entendait sortir de dessous la cape les cris d’un petit enfant.

— C’est la carriole du messager qui se rend à Poitiers, dit Lucie.

— Fort bien ; mais comment passerons-nous ? répéta Mme Delbès.

— Comme ces messieurs, dit Lucie en montrant MM. Bourdon et Bertin qui s’appuyaient aux roues et détournaient sans façon la tête débonnaire du coursier, tandis qu’Émile et Gustave grimpaient sur les talus, et que Jules, afin d’enchérir sur cet exemple, se suspendait aux branches des ormeaux.

— Merci ! mais je ne suis pas un sylphe, ni un garçon, moi, s’écria piteusement la jeune femme, quand elle entendit M. Bourdon qui disait : Avez-vous bientôt fini, Bourguignon. Voyez, il faut que ces dames puissent passer.

— Tout comptant ! monsieur, tout comptant ! C’est ma sous-ventrière qu’a cassé, et que ma ficelle est pas-t-assez longue.

— C’est la sous-ventrière du père Bourguignon qu’a cassé ! répéta Jules d’une voix éclatante. Un peu de patience, mesdames, s’il vous plaît.

— Attendons, dit avec résignation Mme Delbès.

— Bonjour, l’Olivette !

Mlle Bertin saluait de ce nom la femme assise dans le chemin.

— Bonjour, mesdames.

— Est-ce un enfant malade que vous avez là, Olivette ?