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Elle répondit à Mlle Boc : — La pauvre Clarisse est toujours souffrante. Votre visite lui fera plaisir.

— Ne venez-vous pas, ma mignonne ? demanda Mlle Boc.

— Il faut que j’achève de sarcler ces pois, mademoiselle mais j’aurai fini tout à l’heure.

— Ah ! si vous ne venez pas tout de suite, mademoiselle, Lucie, tant pis pour vous ! J’ai une nouvelle à vous apprendre.

La jeune fille sourit et sembla hésiter. Mais, à la campagne, une nouvelle n’étant chose à dédaigner pour qui que ce soit, Lucie posa le sarcloir et se dirigea par les allées du jardin vers sa demeure, tandis que de son côté Mlle Boc s’y rendait par l’entrée principale donnant sur le chemin.

Une barrière vermoulue, scellée à des piliers croulants, s’ouvrait sur une cour pleine d’herbe, au fond de laquelle s’élevait la maison. À gauche, une grange et des étables, puis une porte à claire-voie par laquelle on apercevait dans une prairie les silhouette tourmentées d’arbres fruitiers en plein vent. À droite, au milieu d’un mur dégradé, se trouvait la porte du jardin. Entre les deux fenêtres du rez-de-chaussée, sous un énorme rosier, il y avait un banc rustique ; au-dessus de l’entrée, des sculptures mutilées représentant deux colombes entourées de guirlandes, avec des carquois et des cœurs enflammés. Sur le toit de beaux pigeons roucoulaient, et dans l’herbe de la cour se pavanaient une douzaine de poules.

Aussitôt que la barrière eût grincé sur ses gonds, une épaisse figure encadrée de favoris se colla aux vitres d’une des fenêtres. Lucie, en même temps, venait à la rencontre de Mlle Boc et l’introduisit dans la maison.

On était déjà levé pour la recevoir, et à peine avait-elle franchi la porte, que Mme Bertin, s’emparant de sa main, la conduisait à une chaise préparée pour elle au coin du feu, tandis que M. Bertin la saluait d’un formidable :