de tout cela, on n’entendit s’élever de toutes parts que des expressions admiratives et respectueuses.
Clarisse avait eu tort de mettre des rubans. Tandis qu’ils accompagnaient à merveille le doux visage de sa jeune sœur, leur contraste avec les joues vermillonnées et jaunies de la malade ne servait qu’à faire ressortir leur propre éclat. La pauvre Clarisse, au milieu de cette fête, semblait un symbole de deuil et d’instabilité.
Pourtant, elle était gaie. Elle promenait son jaune sourire sur tout ce qui rayonnait autour d’elle, soie, dentelle, argent, vermeil, cristaux et fleurs. Elle se sentait bien. Elle n’eût rien désiré que d’éterniser cette journée, et quelquefois, en regardant les pendules, son cœur se serrait.
Elle avait eu dès l’abord une déception très-vive. Celui qui fut désigné pour l’accompagner n’était qu’un vieux garçon de cinquante ans. Mais comme il eut pour elle beaucoup d’attentions, elle ne tarda pas à le trouver aimable et à tenir pour acquis tout l’esprit qu’il cherchait. Elle prit même à cœur de le charmer, et se flatta d’y réussir.
Ce fut un jeune sous-lieutenant de la dernière promotion de Saint-Cyr qui donna le bras à Lucie. Au premier abord, tant elle était distinguée d’air et d’attitude, il la prit pour une héritière de haute volée, et s’intimida ; mais quand il vit à table ses petites mains rouges et qu’elle eut laissé échapper une locution poitevine, qu’il ne connaissait pas, car il était natif de Bretagne, il prit des airs de supériorité, dit quelques mots de duels qu’il avait eus, indiqua finement qu’il avait des maîtresses, et voulut bien apprendre à la jeune fille, d’un air de Méphistophélès, que la société n’était qu’un assemblage de dupes et d’heureux coquins. Lucie passa naïvement de l’étonnement à l’indignation ; mais bientôt, se ravisant,