Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/414

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gage l’argenterie. Cela ne se fit pas sans combats, ni sans les adjurations les plus vives de Mme Bertin à la destinée ; mais enfin, au bout de huit jours, aucun événement providentiel n’étant survenu, Mme Bertin elle-même, chargée de son trésor, s’embarqua dans la carriole du messager, pour Poitiers, d’où elle devait rapporter, outre l’argent, les vêtements nécessaires pour compléter leur toilette du jour des noces. Il fallait aussi pour Clarisse, du sucre, quelques drogues et des sirops.

Mme Bertin revint deux jours après, fort essoufflée. Elle parla durant une heure, presque sans interruption, en essuyant une larme de temps en temps :

« Les choses n’étaient plus à Poitiers comme autrefois. C’étaient de vrais palais que les boutiques. Un luxe effrayant ! On voyait dans la rue des femmes qui avaient de grands falbalas à leurs robes, les filles de boutique étaient mises comme des princesses. On ne sait pas où le monde va ! Un orfèvre lui avait fait beaucoup de questions ; elle avait répandu très-fièrement et avait nommé sa famille. Les gens ne savent plus maintenant à qui ils parlent ! Une petite fille du chirurgien Vandelosse et de M. Bourdon, l’ancien constituant, une cousine des Talambin ! cela est vraiment étrange d’être traité comme tout le monde ! Gustave n’avait pas pu l’accompagner à cause de son bureau. Hélas ! il n’y était pas toujours, à son bureau ! La preuve en était trop claire. Bien loin de pouvoir venir en aide à ses parents, il avait paru consterné d’apprendre qu’ils ne pouvaient pas l’aider. Son tailleur lui donnait beaucoup d’inquiétude. Ne pouvoir se tirer d’affaire, un jeune homme seul, avec 1,500 fr. !!! S’il était sage et vertueux, il ferait des économies ; mais le monde perd les jeunes gens. C’est une horrible chose, en ce temps-ci, que le débordement des mœurs ! On aime mieux se livrer à la bonne chère avec ses amis, ou en-