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À peine étaient-elles entrées, que la porte du corridor, poussée violemment, se fermait avec un fracas dont la maison retentit, et dont la pauvre malade fut ébranlée dans tout son être. Elle s’en plaignait, et Mme Bertin réclamait en disant :

— Je crois, Fortuné, que tu es fou ce soir ! Qu’as-tu donc à faire tant de tapage ?…

Quand M. Bertin, prenant brusquement Lucie par le bras, et l’amenant au milieu de la chambre, s’écria, rouge, irrité, flamboyant, l’œil ardent et la voix tonnante :

— M’expliquerez-vous, mademoiselle, de quelle nature sont vos relations avec ce drôle de Michel ?

Un silence complet répondit seul d’abord. La mère et la sœur étaient stupéfaites. Lucie respirait à peine. La parole de son père avait traversé son cœur comme un coup de poignard. Ce n’était pas ainsi que son cher secret devait être révélé.

— Tu outrages ta fille ! dit enfin Mme Bertin. Il y a longtemps que je connais ces bruits indignes. Ce sont des calomnies de Mlle Boc et des Touron. C’est M. Gorin qui t’aura dit ça par vengeance, n’est-ce pas ?

— Grand Dieu ! s’écria Clarisse, est-on malheureux de vivre ainsi parmi des gens de bas étage qui vous ravalent, rien qu’en s’occupant de vous !

— Répondras-tu ? cria M. Bertin à Lucie.

— Mais tu l’ahuris ! dit la mère. Lucie, voyons, réponds bien vite à ton père que tout cela est ridicule et plein de mensonge, et que tu n’as pas vu Michel depuis longtemps.

— Elle lui parlait ce matin devant moi, par-dessus la haie ! cria M. Bertin furieux. Sais-tu ce que m’a dit Gorin ? continua-t-il en se retournant vers sa femme, comme s’il eût voulu la dévorer elle-même ; écoute, et puis tu