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verait-il pas avec joie ? Le travail fécond, au sein de la nature, couronné de fleurs et de fruits, je l’aime ! Avec Michel, ce ne sera qu’une des formes de notre bonheur.

Elle ne s’occupa plus désormais que des moyens de s’entendre avec son amant ; puis d’obtenir le consentement de son père et de sa mère.

Le lendemain, dans la journée, elle se promena quelque temps au jardin, entra dans le bosquet, et regarda furtivement par-dessus la haie. Michel ne travaillait pas chez lui.

Maintenant elle le cherchait, — non sans rougeur et sans que le cœur lui battît bien fort. — Pourquoi le désir est-il ainsi mêlé de crainte dans l’amour, sinon pour que l’amour réunisse les plus vifs sentiments de l’âme ? Et c’est à cause de cette complexité sans doute qu’il nous possède tout entiers.

Elle retourna le soir au bosquet, dès que la nuit fut venue. Quatre jours cependant devaient encore s’écouler jusqu’au rendez-vous. Mais en entrant, elle vit une ombre s’agiter dans le crépuscule ; un léger cri lui échappa.

— Je vous ai fait peur ! mam’zelle Lucie ; pardonnez-moi.

— Ah ! c’est vous, Michel, qui êtes là ?

— Je vous demande pardon, mam’zelle Lucie. Je ne savais pas que vous viendriez.

— Et si vous l’aviez su, vous m’auriez donc évitée, Michel ?

— Ah ! si vous n’êtes pas fâchée que je sois là ?…

— Fâchée ! ne serions-nous plus amis ? Nous le sommes plus que jamais. Je vous estimais bien, Michel, mais votre conduite d’hier fait que je suis fière de votre amitié. En général, tout le monde est lâche vis-à-vis des méchants impunis. Vous, Michel, vous êtes fort autant que vous êtes bon.