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— Non, maman, cette toilette-là est assez bonne pour M. Gavel.

Ils entraient. Mme Bertin fait quelques pas au-devant d’eux, le sourire sur les lèvres, en attachant les galons de son tablier des dimanches, qu’elle vient de mettre par-dessus l’autre ; mais celui-ci, plus long, dépasse de deux pouces au moins.

— Monsieur ! nous sommes très-flattées de votre visite, dit-elle à Gavel en lui adressant une révérence profonde.

— Madame, répond Gavel, c’est la visite d’un futur parent, très-heureux de faire bientôt partie de votre famille.

Lucie ne s’occupe guère que de son oncle ; mais celui-ci cause avecMme Bertin, et elle est forcée de répondre à M. Gavel, qui s’adresse à elle avec des amabilités de frère et d’ami.

— Laissez-moi vous avouer, lui dit-il, que je suis fier d’une aimable cousine, et j’espère vivement, de concert avec Mlle Aurélie, vous recevoir chez moi l’hiver prochain.

Et comme la jeune fille répond par un refus, il sourit et réplique :

— Vous êtes injuste de me traiter en étranger, quand mes sentiments sont déjà ceux d’un parent affectueux. Au reste, cette grâce que vous me refusez, elle est accordée à votre insu.

— Comment cela ? demande Lucie.

— On a disposé de vous sans votre consentement. Je vois que M. Bertin est un père barbare ; mais comme vous n’êtes condamnée qu’à des fêtes et à des succès, permettez-moi de ne pas vous plaindre, moi surtout, qui profiterai si agréablement de votre malheur !

Lucie rougit, car elle devine l’intention cachée sous ce projet. Son père a le fol espoir de lui procurer un mariage en la faisant paraître dans le monde. Elle se promet de n’y pas consentir, et répond évasivement à M. Gavel.