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XVI


— Eh ! bonjour, mère Jeanne, disait Mme Bertin à une vieille paysanne qui pénétrait dans la cour, portant au bras un panier recouvert de linge blanc. C’est une nouveauté que de vous voir.

— Seigneur ! m’ame Bertin, y a si loin de chez vous chez nous ! je suis tout à la nage, au moins. C’est M. Gorin qui m’a commandé de vous apporter ça. — Elle découvrit de magnifiques cerises rouges et blanches, grosses comme des noix.

— Eh vraiment ! M. Gorin est bien honnête. Entrez donc, mère Jeanne ; vous boirez un verre de vin.

En disant celle dernière phrase, Mme Bertin regardait Lucie, qui venait de paraître sur le seuil, et ses yeux demandaient avec inquiétude : en avons-nous bien encore ?

Lucie alla interroger le tonneau ; mais elle n’obtint que de la lie. Elle rentra dans le salon en disant :

— Un verre d’eau sucrée, mère Jeanne, vous rafraîchirait mieux.

— Merci bien, mam’zelle, tout au contraire. J’ai pas accoutumé ça. Un petit doigt de vin me relèvera le cœur.