être l’excessive chaleur qui me rend malade. On commence à respirer ; il fait si beau ! je vais faire le tour de la prée.
Elle sortit en effet du côté de la prairie ; puis elle passa furtivement dans le jardin par une trouée dans la haie. Depuis un mois, d’ailleurs, Mme Bertin ne pensait plus à Michel.
Michel était dans le bosquet.
— Ah ! vous voilà, dit-il, j’avais peur ! Je croyais que vous ne viendriez pas. Mais vous voilà ! que vous êtes bonne, mam’zelle Lucie !
Elle répondit : Je vous l’avais promis.
— Oh ! ce n’était point à vous que je m’en prenais ! Mais je pensais qu’on vous empêcherait peut-être de sortir, que vous seriez peut-être malade, enfin je ne pouvais pas croire que je vous verrais, parce que c’était trop de bonheur ! À présent, quand j’ai grand désir de quelque chose, il me semble que ça n’arrivera pas. Je n’étais pas comme ça autrefois, mam’zelle Lucie, mais depuis six semaines, le chagrin a bien su me trouver.
Il parut à Lucie qu’elle ne pouvait, sans contracter un engagement tacite, accepter ces épanchements.
— Vous êtes toujours d’une exaltation ! dit-elle.
— Vous trouvez ? répondit-il avec tristesse, eh bien ! apprenez-moi comment il faut être pour que vous ne trouviez pas à redire en moi.
— Oui, vous êtes trop exalté, reprit Lucie. Vous portez en toutes choses une extrême vivacité. Moi, cela m’étonne et m’inquiète. On dit que ce qui est si vif est peu durable.
— Ce n’est pas vrai ! s’écria-t-il, et ce n’est pas vous qui pensez cela, mam’zelle Lucie. Ah ! je connais bien la sagesse des vieux de chez nous, allez ! qui sont toujours à conseiller de ne rien faire, et de ne rien dire, et de ne pas