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depuis longtemps réclamaient leurs salaires, même ils avaient fait des menaces.

Gorin entra d’un air épanoui : — Bonjour, mesdames ! votre serviteur ! Clarisse lirait ; Mme Bertin raccommodait de vieux linge. Elles se levèrent avec surprise, et parurent inquiètes aussi.

— Asseyez-vous donc, monsieur Gorin, dit Mme Bertin avec empressement. Vous auriez désiré voir mon mari ?

— Ça m’aurait fait plaisir, parsambœuf ! Faisons-nous pas une paire d’amis ? Mais différemment, il n’y a pas d’utilité, m’ame Bertin. Je suis assez content d’avoir l’avantage de vot’compagnie et de celle de ces demoiselles.

Clarisse et Lucie se regardant ne purent retenir un sourire.

— Ah ! je pensais que vous veniez pour quelque affaire, dit Mme Bertin.

— Parsambœuf ! m’ame Bertin, vous me prenez donc pour un sauvage, moi ? Dame ! quand même on n’a pas fait ses études, on finit pourtant par s’ennuyer de la société des vaches et des chevaux. La société du beau sexe, ça diversifie, et ça fait plaisir. Après ça, il est bon de se débarbouiller un peu en compagnie. Ça m’a pris comme ça l’envie de devenir social, et si ça ne vous offusque pas, j’entrerai comme aujourd’hui, des fois, à temps perdu, quand je passerai par ici.

— Mais… certainement, répondit Mme Bertin fort intriguée, quand vous voudrez, mon cher monsieur. Et elle s’inclinait en faisant des grimaces agréables, au-dessus desquelles ardait un coup d’œil investigateur.

Malgré sa tristesse, Lucie n’était pas à l’épreuve de ces folles envies de rire qui dominent toute situation ; elle fit semblant d’éternuer dans son mouchoir afin de cacher le spasme qui la gagnait. Clarisse, plus formaliste, ne riait que des yeux.