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— Des espérances, madame Bourdon ? Comment ça ? quelles espérances ? Moi, j’ignorais tout à fait…

— Tiens ! vous ne connaissez pas l’oncle Grimaud, ma voisine ? fit avec une petite mine charmante Mme Bourdon.

— Bah ! est-ce qu’il aurait l’intention ?…

Mme Bourdon hocha la tête de haut en bas avec un sourire, puis elle mit un doigt sur ses lèvres :

— Chut !

— Eh ! Seigneur ! dit la vieille fille en rapprochant vivement son siége ; qu’est-ce que vous me dites là ? C’est bien sûr ?

Mme Bourdon prit tout à coup un air sérieux et pénétré.

— Gardez-moi le secret, dit-elle, car je n’étais pas autorisée à le révéler, et c’est parce que je vous parle, à vous, à cœur ouvert…

— Ah ! ma chère madame Bourdon ! vous me connaissez bien ! Vous savez comme on peut se fier à moi ! Soyez tranquille ! Eh bien, ça me fait grand plaisir, allez !

— À moi aussi, ma chère demoiselle. La satisfaction qu’on a d’applaudir à une bonne action élève au-dessus de tout intérêt personnel. Mes enfants auraient eu le même droit à cet héritage, mais… Elle fit un geste de renoncement en fermant à demi les yeux, et sa main de velours se posa doucement sur le bras du fauteuil de Mlle Boc.

— Grand Dieu ! s’écria la vieille fille en ouvrant de grands yeux et en allongeant vers Mme Bourdon son jaune visage, est-ce que les Bertin auraient tout ?

— Je n’ai pas vu le testament, répondit Mme Bourdon en se rejetant en arrière et d’un ton légèrement froid. Elle ajouta : C’est une simple confidence, et je n’aurais pas dû…

— Allons donc ! avec moi, c’est comme si vous n’aviez