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XIV


Depuis un mois la famille Bourdon était de retour à Chavagny. M. Gavel n’avait pas encore paru, et les habitués du logis n’avaient osé s’enquérir de lui. Perronneau seul eut cette hardiesse, et M. Bourdon répondit négligemment que M. Gavel était retenu à Paris par des affaires indispensables. Souvent il se tenait à Chavagny des conversations à ce sujet, où les uns soutenaient que le mariage se ferait, les autres qu’il ne se ferait pas.

Par une belle soirée des derniers jours de juillet, Mme Bourdon et Mlle Boc s’entretenaient à demi-voix, assises dans le jardin, à l’ombre d’un catalpa. Non loin de là, Aurélie, dans la volière, distribuait le mil à ses oiseaux. C’étaient des veuves, des tangaras, des whip-poorwill, et des colombes, pauvres exilés prisonniers, pour lesquels elle réservait tous les roucoulements et toutes les grâces de sa sentimentalité, ne disant rien jamais aux moineaux mutins, ni aux jolis chardonnerets, ni aux coquettes mésanges, commensaux de la cour et du jardin.

— C’est impossible ! mademoiselle Boc. Propos d’imbéciles et de tailleurs ! Ces gens-là sont trop heureux quand ils trouvent à jaser sur le compte de quelqu’un d’entre