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— Et votre beau bouquet d’aimez-moi ! Vous l’oubliez, après l’avoir tant baisé ce matin !

Lucie rencontra le regard de Michel et rougit.

Les deux jeunes filles marchèrent ensemble jusqu’à la futaie. À travers les arbres, le soleil couchant dorait les mousses, la fontaine babillait en bas, et les petits oiseaux, parlant tous ensemble, faisaient un concert étourdissant. Les insectes volaient, bourdonnaient, luisaient, cherchant la pâture ; les arbres à leur cime étaient illuminés, et tout ce qui parlait à sa manière dans l’air et sur la terre chantait le bonheur. En embrassant Gène, pour lui dire adieu, Lucie fondit en larmes.

— Ah ! s’écria la jeune paysanne en retenant Lucie dans ses bras, qu’avez-vous, chère amie ? dites ! parlez-moi ! Est-ce possible ? Oh, non ! non, ce n’est pas cela ! Dites… non ! ne me le dites pas ! et elle se mit à pleurer aussi.

— Je ne te dirai rien, murmura Lucie. Je n’oserais… Tais-toi ! ne me regarde pas. Je suis contente seulement d’avoir pleuré avec toi. Quand viendras-tu me voir, Gène ?

— Oh ! quand je pourrai ! bientôt !

— Adieu, chère bonne, dit Mlle Bertin en l’embrassant de nouveau, et sans oser la regarder elle s’éloigna.