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— On se rencontrera peut-être de temps en temps ; mais ruser, mentir pour quelques entrevues, non, cela ne se peut pas !

Elle parlait, en baissant les yeux, d’une voix altérée, mais d’un accent plein de décision ; et bien qu’elle affectât de continuer à s’occuper des élèves de Gène, elle ne sentait pas même le bec des oisillons qui, n’ayant plus de pâtée, lui mordaient les doigts.

— Mam’zelle Lucie ! mam’zelle Lucie ! dit-il amèrement, vous n’auriez pas dû…

— Quoi, Michel ?

— Dire que vous aviez de l’amitié pour moi, parce que ça n’est pas vrai ! Sa voix éclatait de douleur et de colère. Et aussitôt, pâle et les yeux pleins de larmes, il s’éloigna vivement.

— Michel ! s’écria Lucie. Mais Gène revenait.

— Qu’avez-vous donc, mam’zelle Lucie ? Où va Michel ? Est-ce que vous pleurez ?

— Non, c’est le soleil couchant qui me frappe dans les yeux. Michel a cru voir ton père là-bas. Viens ! les canetons ont assez mangé.

Une demi-heure après, Lucie prenait congé de son amie quand Michel revint.

— L’as-tu trouvé ? demanda Gène.

— Qui ça ? répondit Michel.

— Oh ! personne ! reprit la petite paysanne en jetant sur Mlle Bertin un regard sévère.

— Eh bien, dit-elle ensuite, mam’zelle Lucie, voilà Michel tout prêt pour vous accompagner.

— Tu sais que Michel veut parler à ton père, Gène, répondit sèchement Lucie ; quant à moi, puisqu’il fait grand jour, je reviendrai seule comme je suis venue.

Michel ne dit rien. Lucie quittait la maison quand Gène s’écria :