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terre au soleil, et Gène, au bout de ses doigts, leur présenta la pâtée. Les plus jeunes se tenaient à peine, et roulaient fréquemment. Lucie les prenait et les baisait.

— Quels beaux flocons de duvet jaune ! disait-elle. Et cela marche et parle déjà ! Et cela n’a pas l’air étonné de la vie. Petit ! petit !

Elle ramassa par terre un copeau de bois, et s’en servit pour présenter la pâtée aux oisillons.

— Oh ! dit Gène, vous faites la marquise avec mes canetons. Ça ne mange que dans la main, ces petites bêtes.

— Parce que tu veux bien les y habituer, répliqua Lucie ; mais à quoi bon se salir les mains ?

— Mam’zelle Lucie a raison, dit Michel, qui se mit à tailler avec son couteau un morceau de bois en forme de spatule.

À ce moment, Peluche apparut sur le seuil, appelant Gène, Lucie et Michel restèrent seuls.

— Comme ça vous irait bien, mamz’elle Lucie, d’être paysanne !

— Vous trouvez ?

— Oh ! oui, mais vous ne voudriez pas l’être.

— Vous vous trompez, Michel.

— Vraiment ? C’est-il possible ?

— Oui ! Assurément Gène est plus libre et plus heureuse que moi. Mais on ne peut changer sa destinée.

Après un silence Michel demanda :

— Quand reviendrez-vous voir Gène, mam’zelle Lucie !

— Je ne sais pas, répondit-elle. Et son cœur battit violemment, car le moment fatal était venu.

— Oh ! tâchez de le savoir.

— Non, reprit-elle en rappelant son courage et ses résolutions, non, Michel, il ne faut plus songer à cela.

— Il ne faut plus songer à vous voir ! dit-il d’un ton plein d’émotion et de reproche.