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Lucie rougit en souriant.

— Depuis que j’ai appris ce retour, dit-elle, je me creuse la tête pour sauver notre leçon. Maman et Clarisse ont malheureusement l’habitude de se rendre au logis à l’issue de la messe, et on ne me laissera pas revenir seule ici.

Nouvelle rougeur qui enflamma aussi le front de Michel. Il dit timidement :

— Vous reveniez quelquefois avec Gène.

— Ah ! oui, dit-elle avec tristesse, j’y ai bien pensé ; mais on ne voit presque plus Gène à présent.

— C’est vrai ! dit Michel, et cependant la Bernuchon va mieux.

— Écoutez ! dit Lucie en prêtant l’oreille.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Oh ! rien, c’est Mlle Boc. Je reconnais sa voix.

La leçon continua jusqu’au moment où des éclats de voix très-violents se firent entendre.

— Mon Dieu ! qu’y a-t-il ? dit Lucie ; maman et Mlle Boc en querelle ! cela est bien extraordinaire !

— Il faut que je m’en aille, n’est-ce pas ? dit Michel.

Lucie ne le retint pas, car il lui semblait avoir entendu le nom de Michel, prononcé par sa mère, et une vague inquiétude l’avait saisie. Après le départ du jeune homme, elle se hâta d’entrer au salon.

À la vue de Lucie, tout le monde est embarrassé, Mme Bertin s’interrompt au milieu d’une phrase, et Mlle Boc se lève en disant :

— Allons, ma voisine, j’espère qu’en y réfléchissant vous reconnaîtrez la pureté de mes intentions et que nous n’en serons plus tard que meilleures amies.

— Les intentions, ma chère demoiselle ! avec les intentions on se justifie de tout, même d’outrager la plus pure vertu. Il n’y a pas que les intentions, mademoiselle Boc,