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j’en faisais, Touronne ; car, je puis bien vous dire que je la détestais, cette créature-là.

— Vous n’en aviez que plus de mérite, mam’zelle.

— Pourtant, je m’ennuie davantage à présent. Malgré tout, c’était une occupation. C’est vrai qu’il me fallait sans cesse la gronder ou la battre ; mais enfin, nous ne sommes pas sur la terre pour avoir toutes nos aises. Il faut bien gagner le ciel !

— Sa mère est tout de même folle de l’avoir reçue. Je vous l’aurais renvoyée dare, dace, moi, allez ! Enfin, c’est comme ça qu’est le monde aujourd’hui ; on ne voit plus que des ingrats.

— Sa mère ! ah ! ma pauvre Touronne, si vous saviez quelles gens ! Au lieu de me remercier à genoux d’avoir voulu retirer cette petite de la misère, ils vont partout disant que je la battais à plate couture, que je la rendais malheureuse, un tas d’indignités. Je vous demande si une petite de cet âge, pleine de vices comme celle-là, ne doit pas être battue ? À moins d’en vouloir faire un mauvais sujet ?

— Pardine ! Ai-je pas entendu dire que les messieurs Bourdon vont revenir, mam’zelle Boc !

— Oui, mon cousin Frédéric Gorin le tient de M. Grimaud, qui reçoit de temps en temps des lettres de Mme Bourdon. Elle choie joliment cet oncle-là, au moins !

— Eh donc un bel héritage !

— Ce n’est pas eux qui devraient hériter, ma mie. Ce sont les parents propres de M. Grimaud. Mais si le bonhomme veut…

— Il devrait plutôt laisser quelque chose aux demoiselles Bertin. Bonnes gens ! Elles en ont plus besoin que Mme Bourdon.

Les Bertin n’ont jamais su faire leurs affaires, voyez-vous. S’occupent-ils de cela ? Pas le moins du monde. Et