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XII


Au mois de juin suivant, par une chaude soirée, Mlle Boc tricotait, assise à sa porte sur un banc de pierre. Le soleil venait de se coucher. Au milieu des vapeurs empourprées, le cloche de l’église se dessinait superbe et gigantesque, et les deux peupliers du puits avaient un feuillage d’or. Une foule empressée de petits oiseaux babillaient dans les ormes avant la couchée. On n’apercevait point d’autre femme assise au seuil des maisons qui bordent la place, mais quelques ménagères affairées allaient et venaient. C’était l’époque de la fenaison. Toute la population de Chavagny était éparpillée dans les prairies, et de temps en temps passait, traînée par des bœufs, quelque charretée de foin, haute comme une maison et un peu vacillante, qui remplissait l’atmosphère d’arômes enivrants.

Peut-être pour Mlle Boc le charme de cette soirée n’était-il pas complet. Bien qu’elle tricotât avec activité, souvent elle jetait ses regards autour d’elle, et si quelque femme passait à portée de sa voix, c’était un bonjour, m’amie des plus engageants, suivi de questions sur l’état