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point où en sont les choses, c’est en rompant ce mariage que je sacrifierais son bonheur, car elle aime profondément celui qu’elle doit épouser. Elle n’a pas été trahie, puisque la sotte faiblesse de M. Gavel est antérieure à la demande qu’il a faite de ma fille. Rien ne prouve même que l’état de la petite Mourillon lui soit imputable, et le domestique Jean a joué dans toute cette affaire un rôle bien propre à faire naître les soupçons. Enfin, ce que je voudrais pouvoir dire à tout le monde, c’est que le rendez-vous surpris par le père n’était qu’une bonne action de M. Gavel.

Sur un mouvement de Lucie, M. Bourdon reprit en s’échauffant :

— Oui ! une bonne action ! une action généreuse ! l’action d’un homme prêt à racheter des torts qu’il n’est pas même sûr d’avoir commis, et cela en s’exposant aux conséquences d’un éclat fâcheux, comme il est arrivé. Qu’on demande à Lisa ce qu’elle tenait dans sa main, à l’arrivée de son père. Elle vous répondra : une bourse pleine, que venait de me remettre la charité de cet homme, si méconnu ! si calomnié !

Ce que je ne puis non plus dire à tout le monde, ma chère enfant, c’est le repentir et le désespoir de ce pauvre Fernand. Il allait au-devant de mes reproches, et se reconnaissait lui-même plus coupable qu’il ne l’était en réalité. Son amour pour Aurélie s’est montré, en cette circonstance, plus vif que je ne le croyais moi-même. Juges-en, puisque indignement et cruellement outragé il a consenti pour elle à renoncer à sa vengeance, puisqu’il est venu avec moi chez le juge de paix retirer la plainte qu’il avait portée.

— Ah ! vraiment ? dit Lucie, plus touchée de cette nouvelle que des tours oratoires de son oncle.

— Oui, reprit M. Bourdon, et ces vauriens l’ont