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Sans doute aussi ne voulut-elle pas analyser plus profondément la situation. Avec un homme de sa classe, elle eût admis le mariage comme conséquence nécessaire. Vis-à-vis de Michel, elle se contenta d’aimer, et ne chercha pas à résoudre cette question qui lui vint à l’esprit : Ne voudrait-il pas se marier un jour ?

Vers onze heures, comme Lucie allait servir à Michel un second déjeuner, elle se décida enfin à lui porter un volume des Études de la nature, car, à présent, pour rien au monde elle ne lui eût fait lire un roman d’amour. Était-ce pudeur ou dédain ?

Cependant, après avoir feuilleté les deux volumes des Études, ce fut le second qu’elle emporta. À la fin de ce volume, se trouvait la Chaumière indienne, amour à peine esquissé, mais vainqueur des préjugés de caste. Au fond de nous, habite un être mystérieux, plus habile et plus intelligent que nous-mêmes.

Dans cette seconde entrevue, elle dit à Michel :

— Vous avez rencontré Cadet ?

— Oui, répondit-il.

Ce fut la seule allusion aux scènes de la nuit.

— Ne pensez-vous pas, Michel, que je ferais bien d’aller aux nouvelles chez mon oncle Bourdon ? Il doit être revenu de Gonesse, et peut-être saurai-je quelque chose.

— Ah ! dit-il, M. Bourdon est allé à Gonesse ?

— Mais à quoi pensez-vous, Michel ? Ne le lui avez-vous pas entendu dire, quand nous étions cachés derrière la charmille ?

— Ah ! oui, dit-il, quand cette ronce a pris vos cheveux l’autre jour.

— L’autre jour ! répéta-t-elle en rêvant. Eh, mais, n’était-ce pas hier ?

— Peut-être bien, mam’zelle Lucie ! Oh ! non ! je ne le crois pas.