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— Si c’était un incendiaire ? dit le tailleur en élevant la voix ; j’ai envie que nous entrions voir. Veux-tu, Jeandet ?

— Ma foi, répondit le jeune Touron, avons-nous pas assez veillé comme ça, mon p’pa ? Il est plus d’onze heures. Si c’est un quelqu’un mal intentionné, qu’irons-nous faire dans c’te grange qu’attraper des coups ? Vaut mieux prévenir M. Bertin pour qu’il en fasse à son idée, et nous aller coucher.

— Ah ! Michel ! dit Lucie, en entraînant son compagnon au fond de la grange, que devenir ? Que faire s’ils allaient entrer ?

Elle était fort tremblante. Michel prit les deux mains de la jeune fille dans les siennes, et les serrant avec force :

— Ne tremblez pas ainsi ! Puisque je suis là, ils n’entreront pas. Oh ! chère mam’zelle Lucie, n’ayez pas peur.

Et il s’élançait quand elle le retint de toutes ses forces.

— Michel ! il ne faut pas vous montrer. Je ne le veux pas !

— Pourquoi ! demanda-t-il.

— Je suis sûre à présent, Michel, que le tailleur m’a reconnue quand je suis entrée, et que tout ce qu’il dit est par méchanceté, soit pour m’effrayer seulement, soit pour me nuire…

— Ah ! vous croyez ? Attendez ! Laissez-moi faire ! Je vas leur donner une roulée dont ils se souviendront longtemps.

— Non, Michel ! non ! vous ne comprenez pas…

— C’est pour moi que vous avez peur ? Mais je ne pense plus du tout à la prison quand je vous vois ennuyée comme ça, mam’zelle Lucie. Non ! ça me rend fou, et je me sens de force à battre dix gendarmes, avec tous les tailleurs du canton.

— Vous ne comprenez pas, Michel, je vous le répète.