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je plains ma cousine, et je crains pour elle que ce mariage n’ait lieu malgré tout.

— Ma foi ! dit M. Bertin, pourquoi pas ? On sait bien qu’un homme ne se marie pas sans avoir eu quelques aventures. Celle-ci est un peu trop près du mariage, et trop proche de la maison, voilà tout.

— Ne serait-ce que le décorum, dit Clarisse, on ne peut cependant passer là-dessus.

— Bah ! c’est un parti superbe pour la fortune et pour les alliances. Je sais que Bourdon en attendait merveille pour l’établissement d’Émile et de Jules. D’ailleurs, il veut être député, et M. Gavel père, le sous-préfet, l’y aidera.

— Tout ce que tu voudras, dit Mme Bertin, mais s’ils font malgré tout ce mariage, ils manqueront de délicatesse.

— Eh ! s’il se présentait, tu lui donnerais tout de même une de tes filles.

— Oh, papa ! fit Clarisse.

— Tu n’en voudrais pas ?

— Non, certainement ! répondit-elle en rougissant, car elle mentait.

— Et toi, Lucie ?

— Une pareille question, papa, est inutile.

— Oh ! oh ! dit-il en riant, ne comprenant pas le noble orgueil qui défendait à Lucie de répondre. Allons, décidément, tu es boudeuse. Peut-être le futur cousin t’avait-il donné dam l’œil ? Et tu caresses des espérances, à présent qu’on peut croire le mariage rompu.

Lucie ne répondit pas. Elle souffrait de tous ces propos. Donnait-on seulement une pensée à cette fille de seize ans initiée au vice par un homme de trente, et à ce malheureux enfant, rejeté comme sa mère, qui cependant était le fils de M. Gavel ? Un jour, un autre enfant, en-