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les séparer était difficile. Michel les embrouilla bien davantage.

— Quoi ! vous ne pouvez pas ? demanda-t-elle au bout d’un instant.

— Non, c’est-à-dire si, mam’zelle Lucie, tout à l’heure.

Sa main devait être peu sûre, à en juger par sa voix.

Le visage et le cou de la jeune fille se couvrirent de rougeur.

— Eh bien ! est-ce fait ? reprit-elle encore avec impatience.

— Ah ! oui ! voilà ! non, elle tient encore. Ah ! mam’zelle Lucie, pardon, je suis bien maladroit !

— Attendez, reprit-elle, et, saisissant la ronce, elle se dégagea brusquement.

— Oh ! vous vous êtes fait mal ! s’écria-t-il tout ému, en voyant de longs fils de soie pendre à la ronce méchante.

Quoiqu’elle eût des larmes dans les yeux, Lucie, en disant : Ce n’est rien ! s’efforçait de sourire. Embarrassée de sa rougeur et du trouble de son compagnon, elle s’éloigna aussitôt. Mais au bout de vingt pas, elle se retourna pour voir si Michel était bien rentré dans sa cachette, ou s’il s’occupait de pénétrer dans le jardin. Non ! il était encore à la même place, tenant entre ses mains la ronce, d’où il détachait un à un les cheveux de Lucie. Leur yeux se rencontrèrent, et la jeune fille se retourna brusquement, sans même adresser à Michel un geste de prudence.