Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

monta sur le marche-pied, et secoua la main de l’ingénieur, en disant familièrement : — Bonjour, mon cher Gavel.

— Bonjour, monsieur, comment se portent Mme et Mlle Bourdon ?

— Fort bien !… on vous attend, répondit M. Bourdon avec un sourire d’intelligence.

— Et M. Grimaud a bien voulu nous-apporter ses conseils ? dit Gavel en saluant un petit vieillard grimaçant et ridé, vêtu d’un habit vert, d’un gilet jaune et d’une perruque rousse, et que M. Bourdon appelait mon oncle.

Les autres s’approchaient d’un pas lent et grave. C’étaient des paysans. Arrivés près de l’ingénieur, ils soulevèrent tous en même temps leurs chapeaux de feutre noir à larges bords et à calotte ronde.

— Eh bien ! messieurs, dit Gavel en distribuant à chacun une poignée de main dont chacun parut flatté, nous allons donc étudier à fond et définitivement ce fameux tracé ! Vous plaît-il que nous allions tout de suite sur les lieux ?

— Non pas, mon cher Gavel, non pas ! nous dînerons auparavant, s’écria M. Bourdon, qui tenait peut-être à mettre les opinions municipales sous l’influence d’un bon repas. La mère Mourillon est dans tout le feu de la cuisine et il faut manger le rôti cuit à point.

On se dirigea donc vers la ferme.

C’était une maison sans étage, sombre et petite, à côté d’une vaste grange et de belles écuries. Dans la cour, à l’angle le plus apparent, un énorme tas de fumier, où grattaient des poules, s’égouttait jusque dans le chemin en flaques d’un noir bleuâtre, nauséabondes. Au moment où M. Bourdon et ses hôtes pénétraient dans cette cour, un troupeau de dindons salua leur entrée de cris rauques et répétés, qui interrompirent forcément toute conver-