rougis, était la seule qui s’employât utilement, car la servante Madelon ne faisait que tourner autour de tout le monde, écoutant de toutes ses oreilles et observant de tous ses yeux, ce que faisaient également les petites Suzon et Madeluche, qui, surprises de tant de nouveauté, ne pouvaient s’empêcher de rire en se regardant.
— Où sont Cadet et Jean ? demanda Michel à Marie.
— Dans la grange, répondit-elle, où ils ne font rien que de causer ensemble depuis ce matin, tandis que les bœufs attendent la pâture. Ah ! mon pauvre Michel, nous sommes tous fous depuis hier ; aucun n’a dormi. Quand tu as été partie avec… la malheureuse, je suis retournée vers le père, et j’y ai trouvé Jean, qui, réveillé par ses bramées, était venu se plaindre et crier avec lui. Héla ! s’ils font contre le Gavel ce qu’ils ont dit, ce sera la fin des fins, quoi ! Cadet étant revenu à la maison, la mère s’est éveillée et lui a demandé après nous, et alors, ne nous trouvant pas, ils ont pris peur et se sont mis à nous chercher dehors, tant il y a qu’en apprenant notre malheur, et quand même pourtant elle se doutait déjà de quelque chose, la mère en est tombée au coup. Nous l’avons portée sur son lit, et nous avons tous passé la nuit autour d’elle. Ah ! mon pauvre Michel, nous sommes une famille perdue ! Cadet et Jean manigancent quelque chose, pour sûr. La mère ne vit plus dans son corps ; elle est dans le tourment comme une âme du purgatoire. Pour quant au père, il n’a pas bougé, depuis l’éclaircie, de là, comme tu le vois. Tout le monde au village va savoir notre honte, et les langues vont s’en donner sur nous par tout le pays.
— Ce qui est fait est fait, dit Michel, il ne s’agit à présent de rien autre chose que de savoir en supporter la peine. Sers la soupe, Marie, et mettons-nous tous à l’ouvrage ; le travail est un bon remède au chagrin. Pour