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— Tiens, Michel, dit la jeune fille, je vois que tu veux me faire causer, et que tu en sais aussi long que moi. Et c’est même à cause de quoi je t’ai prié de venir avec moi, plutôt que mon prétendu, qui ne sait rien encore, et à qui je me soucie point d’en rien apprendre. Je sais aussi que tu es un gars en qui l’on peut avoir fiance ; mais, vois-tu, c’est assez d’avoir ça sur le cœur ; pour en parler, ne saurais, et d’ailleurs, dans ces chemins, quelqu’un pourrait nous entendre.

— Tu as raison, dit Michel ; si je t’en parlais, c’était seulement pour te faire savoir que j’étais à ton service dans l’occasion.

— Merci, Michel ! eh bien, allons vite. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai le cœur transi.

Ils doublèrent le pas. Un quart d’heure après leur départ de la maison du maire, ils arrivaient à la ferme. Elle était obscure et silencieuse, tout semblait dormir.

— Mon père se sera couché tout de suite, dit Marie. J’ai pris peur follement ; tout va bien. Retourne à la danse, pauvre Michel.

— Attends ! dit-il, va dans la maison. Nous avons marché vite et ton père n’est qu’entré, si mêmement il l’est. Va voir d’abord si ta sœur est dans sa chambre. Je reste ici.

Marie ouvrit doucement le clion, puis la porte, et entra. Un moment après, elle revint et murmura d’une voix altérée :

— Lisa n’y est pas !

En même temps, du côté de l’aire, un cri perçant retentit, suivi d’un aboiement plaintif de Tant-Belle. Michel et Marie s’élancèrent… Un homme les croisa en courant. À la clarté des étoiles, ils reconnurent Gavel.

Une exclamation de fureur fut poussée par Michel qui voulut le poursuivre ; mais derrière les paillés (meules de