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çut Michel, adossé contre la muraille au fond de la chambre, qui la regardait. Elle devint rêveuse. Et, tandis que, légère, elle glissait dans la contredanse, de temps en temps elle jetait sur Michel un regard furtif. Il était toujours à la même place, immobile, occupé d’elle seule et la suivant d’un regard triste et charmé.

M’invitera-t-il ? se demanda-t-elle. Puis elle pensa à Gène, à la Martine. Pourquoi Michel ne les invitait-il pas ? Il était bien étrange de ne regarder qu’elle ainsi. On s’en apercevrait peut-être…

— Tu es bien distraite, cousine, lui dit Émile en riant.

Pendant la contredanse, Mme Perronneau s’était glissée sur une chaise vide auprès de Mlle Boc.

— C’est-il dommage, dit-elle d’une voix insinuante, que M. Gorin n’a pas venu ! il aura trouvé que c’était trop loin pour s’en revenir de nuit.

— Ce n’est pas ça, répondit aigrement la vieille fille ; mais du moment que mon cousin devait trouver ici des personnes… désagréables, il ne pouvait pas s’y présenter.

— Seigneur ! des personnes désagréables ! et qui donc ça, mam’zelle Boc ?

— Vous savez bien ce que je veux dire, madame Perronneau.

— Dame ! ça serait-il donc Michel ? Ça n’est donc point vrai ce qu’on m’a conté, qu’ils s’étaient touché la main ?

— C’est vrai ! mais pourtant quand on a reçu de si grosses injures de la part d’un petit drôle de paysan…

— Bah ! interrompit la Perronnelle, ce petit drôle n’est pas si bête ; je lui ai-t-entendu dire qu’un paysan valait ben un monsieur.

— Tenez, ma voisine, ne parlons plus de ça. Vous attendez bien mesdames Bourdon ?

— Oui, elles m’ont acertainé (assuré) qu’elles viendraient.