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VIII


La ballade s’animait de plus en plus, quand un grand tumulte se fit entendre du côté de la principale rue qui débouche sur la place publique. C’étaient des rires à plein gosier, des exclamations retentissantes, des cris, des applaudissements, des huées, sur une basse grondante de propos confus. Toute la ballade s’émut ; plusieurs coururent, et les danseurs eux-mêmes retournaient la tête, quand on vit s’avancer un cortége bizarre.

Sur un âne gris, paré de loques, était monté à rebours un homme qui contrefaisait l’ivre, et vacillait de droite et de gauche, en grimaçant d’une façon grotesque. En guise de bride, c’était la queue de l’âne qu’il tenait dans ses mains. D’un air solennel, un autre paysan conduisait le quadrupède, tandis qu’un troisième, armé d’un plumail (sorte de plumeau fait d’une aile d’oie), passant de minute en minute ce plumail sous la queue de l’âne, en essuyait immédiatement après le visage du cavalier bouffon. Il y avait enfin, à califourchon sur la monture, une besace déjà quelque peu gonflée, où des ménagères, en riant aux éclats, vinrent déposer qui des œufs, qui une poignée de farine, d’autres un morceau de beurre ou de