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— Moi, je n’y ferais qu’une difficulté, répliqua Michel, ça serait que tu prendrais un peu plus de langue, parce que j’aime pas les femmes trop douces et trop timides comme toi.

— Voyons, mauvais sujet, veux-tu faire la paix avec Gorin ?

— Je ne demande rien mieux, dit Michel, et si ton Gorin veut donner la patte, je lui donnerai la main.

Chérie, triomphante, poussa Michel au milieu du groupe des Bourdon, des Bertin et du maire, en s’écriant ; Le voilà !

— Il se paraît qu’on me demande, dit Michel en s’adressant au maire, je viens donc savoir ce qu’on me veut.

— Nous voulons une réconciliation honorable pour les deux parties, dit M. Bourdon d’un ton d’avocat, tandis que ses petits yeux pétillants lançaient aux autres bourgeois des regards d’intelligence. Afin que les paisibles fêtes de notre village ne soient plus troublées par des dissensions… des dissensions… Vous disiez le mot tout à l’heure, monsieur le maire ? — intestinales ? souffla Perronneau — ne soient plus troublées, répéta M. Bourdon, par des dissensions intestinales, M. Frédéric Gorin, estimable propriétaire, et Pierre Michel, jeune cultivateur, vont abjurer toute haine et se jurer amitié.

— Pour quant à l’amitié, dit Michel, si c’était pour de vrai, je dirais non ; mais puisque c’est une comédie…

— Tu es un finaud, répliqua M. Bourdon, qui changea de ton immédiatement, mais ça ne t’empêche point d’être un brave garçon. Écoute : tu as durement molesté M. Gorin, qui reconnaît d’ailleurs avoir eu les premiers torts ; tu as eu l’avantage dans la lutte, et cela doit t’engager à faire le premier pas. Allons, tends la main à M. Gorin, nous t’en prions tous.