d’être catéchisé, en vint à ne plus savoir que répondre, et l’on se hâta de prendre son silence pour un consentement. Chérie alla quérir Michel, qui ne dansait plus, et, après l’avoir prié de la suivre, au nom du maire et de M. Bourdon, elle n’oublia pas de faire briller à ses yeux la perspective du bal.
— Ton bal ! dit Michel, en quoi sera-t-il plus beau que la ballade ?
— Il sera plus beau, répondit Chérie en se rengorgeant, d’abord parce que ce sera un bal, et puis, parce que nous aurons tout le beau monde.
— Qu’est-ce que tu appelles le beau monde ? répliqua le jeune paysan.
— Mme Bourdon et Mlle Aurélie, mon cher, avec l’ingénieur ; puis MM. Émile, Jules et Gustave, qui veulent mettre des gants blancs.
— Et comment diable veux-tu que ça m’amuse, leurs gants blancs ?
— Allons ! allons ! Y aura aussi la Martine que je vas engager tout à l’heure. Es-tu content ?
— J’en suis bien aise, dit Michel. Mais tout de même j’aurais crainte des yeux de Mlle Boc. Tu n’auras pas d’autre monde ?
— Bah ! tu fais le renchéri. Faut point te parler de Mlle Lucie ni de Mlle Clarisse, qui viendront aussi chez nous ; mais si c’est Gène qui te tient au cœur, on tâchera de la faire rester.
— Tu ne vois donc pas que c’est toi ? reprit Michel. Pour une fille qui fait semblant d’avoir de l’esprit, tu ne devines rien. Dis-moi que tu y seras, à ton bal, voyons, et j’irai.
— Grand fou ! s’écria la Chérie. Mais tu fais ben de gouailler, va, car ça ne serait pas moi qui voudrais d’un gars sans le sou, tout beau et gentil qu’il soit.