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— C’est vrai, dit Lucie, en serrant la main de son amie, et ce brave garçon-là mérite bien d’être aimé d’une bonne et aimable fille, n’est-ce pas ?

— Oui, mam’zelle Lucie, répliqua Gène en levant sur Mlle Bertin ses beaux yeux candides, et en répondant à son étreinte par une vive pression.

— Savez-vous que je suis fameusement ennuyée ? vint s’écrier la Chérie Perronneau, en se jetant au travers de leur conversation. Donnez-moi une idée, voyons. Faut que la Martine soit à not’bal, d’abord, ça va sans dire. Moi, je veux faire sa connaissance, et puis, pour tout not’monde, ça sera une curiosité de l’avoir. Mais si je n’invite pas Michel, elle ne sera pas contente. Et si j’invite Michel, v’là Mlle Boc et M. Gorin qui délogent et qui nous en veulent à mort. Comment faut-il faire ?

— Ça n’est pas facile de donner raison à tout le monde, observa Gène.

— Oui, c’est assez embarrassant, dit Lucie.

— On se passera de Michel, dit Clarisse ; vous ne pouvez faire cette injure à Mlle Boc et à son cousin.

— Dam ! je ne sais pas, moi, répliqua Chérie avec une moue méprisante ; ils ne sont pourtant pas les plus gais de la compagnie. Michel vaut-il pas M. Gorin, et Mlle Martin Mlle Boc ?

— La Martine, riposta Clarisse, vaut beaucoup plus pour vous, ma chère, puisqu’elle a beaucoup plus d’écus. Vous avez raison, engagez-la.

— Eh ! mademoiselle Clarisse, les écus valent bien quelque chose, allez ! Demandez plutôt à ceux qui n’en ont pas. Tenez, puisque c’est comme ça, je vas trouver mon père et tâcher qu’il leur fasse faire la paix.

Elle tourna les talons, et un moment après on la vit entraîner le maire, au travers de la foule, vers l’endroit où M. Bourdon parlait encore à Gorin. Celui-ci, à force