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VII


Le lendemain, Lucie se levai de bonne heure et se hâta de chercher des graines potagères ainsi que des graines de fleurs, afin de les porter au jardin à Michel, qui devait l’attendre. Elle allait descendre dans sa toilette ordinaire du matin, quand, s’avisant que son bonnet était bien chiffonné, elle en prit un autre, un des mieux faits. Lucie avait cet avantage très-rare d’être jolie en bonnet de nuit. La dentelle seyait bien à son visage pâle, et semblait adoucir ses yeux déjà si doux. Pourquoi changea-t-elle de bonnet ? Peut-être elle eût été embarrassée de le dire ; mais à coup sûr elle eût rougi si on lui en eût fait la question. Après tout, on sait bien qu’il suffit d’être femme pour vouloir être charmante aux yeux de tous.

Michel travaillait déjà. En apercevant Mlle Bertin, il vint au-devant d’elle. Son air sérieux et abattu frappa Lucie. Elle s’était proposé d’être froide avec lui et d’en venir à lui faire quelques observations sur sa conduite de la veille ; mais il la prévint en disant aussitôt :

— Vous êtes malcontente de moi, n’est-ce pas, mam’zelle Lucie ?