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provisions de bouche. Lucie reconnut alors dans le conducteur du bateau Michel, en compagnie de Marie et de Lisa Mourillon, avec deux autres filles du village et Jean, l’autre domestique de la ferme des Èves. Assise au fond du bateau, près de Jean, qui lui tenait la main, Lisa était extrêmement pâle ; elle dit tout à coup : Ct’eau me tourne le cœur ! Michel, laisse-moi aller à rive. Comme elle semblait, en effet, près de se trouver mal, Michel se hâta d’aborder, et sauta le premier à terre pour aider la jeune fille à descendre. En s’attachant aux branches d’un saule, qui était proche, les jeunes paysannes maintenaient le bateau.

Il y eut alors un petit débat entre Marie et Jean, qui tous deux voulaient accompagner Lisa. Jean, enfin, sauta sur la berge, et Marie s’assit dans le bateau. Pendant ce temps, Michel avait fait quelques pas vers Mlle Bertin.

— Salut, mesdemoiselles et monsieur ! dit-il en ôtant son chapeau. Mam’zelle Lucie, je suis fâché de ce qui est arrivé tout à l’heure, puisque c’est vous qui vouliez le bateau. Si ce n’était que de moi, je vous le céderais de bon cœur, mais je ne peux pas faire affront à ma compagnie.

— Voyez ! mais voyez donc, Michel ! s’écria Mlle Bertin.

Elle montrait Gorin qui, profitant de l’absence des deux hommes, avait sauté dans le bateau et l’éloignait du bord à l’aide de la seconde perche, malgré les protestations de Marie et de ses compagnes. Jean, accouru sur le bord, montrait le poing, mais vainement. Michel poussa une exclamation, et, rapide comme la volonté, à l’aide de la perche qu’il avait en main, il s’élança d’un bond gigantesque, et tomba au milieu du bateau, derrière Gorin, qu’en se relevant il saisit par la nuque. Lucie n’avait pu retenir un cri de terreur. Tenant toujours Gorin, Michel dit à Marie : Prends la perche et pousse à la rive. Elle fit