Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’eau comme une naïade ; et nous descendrons la rivière du côté de Parmaillan, n’est-ce pas ? ajouta-t-elle d’un air malicieux qui fit rougir son cousin.

— Méchante ! n’est-ce pas le plus joli ?

— C’est à coup sûr le plus enchanteur, fit-elle du même ton.

— Eh bien, parle-moi d’elle, dit Émile. À la maison, je ne puis obtenir un mot qui la concerne. Elle est ici, n’est-ce pas ?

— Elle doit y être, répondit Lucie, car ils ne sont point allés cet hiver à Paris. Mais si tu es réellement attaché à Mlle de Parmaillan, pauvre Émile, je crains que tu n’aies du chagrin.

— Pourquoi cela, chère cousine ? Tu crois que leur orgueil nobiliaire s’opposerait…

— Quant à cela, je n’en sais rien ; mais tu dois voir que tes parents ne sont pas favorables à cette alliance. Mlle Isabelle n’est pas riche, et ta mère ne consentira jamais à ton mariage qu’avec un million, quand tu auras trente ans.

— Elle est si belle ! si distinguée ! si charmante ! dit Émile avec feu. Mais Lucie, dis-moi, est-il vrai que M. de Parmaillan soit sur le point de vendre sa terre ?

— On le dit, mon cousin ; on dit que le vieux comte a plus de créanciers que d’écus, et que son domaine n’est déjà plus à lui ; on prétend même qu’ils sont à la veille d’une grande catastrophe. Cher Émile ! ajouta-t-elle en le voyant pâlir, je t’informe de tout cela, parce qu’il me semble toujours utile de savoir la vérité. À vingt et un ans, tu n’es plus un enfant, et tu dois connaître ce qui te touche. Maintenant, tu sauras mieux ce que tu dois faire et ce que tu peux espérer.

— Oui, oui, merci ! dit rapidement le jeune Bourdon, car Aurélie s’approchait au bras de M. Gavel. En même