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de deux côtés par le Clain, et que fermait au nord un coteau couvert de bois ; à gauche, s’étendaient d’autres prairies, coupées de saules et d’ormeaux ; sur l’autre rive, en face, parmi les arbres du coteau opposé, apparaissaient les clochetons d’un château du dix-huitième siècle, surmonté d’une vieille tour aux créneaux rongés. Arbres au feuillage naissant, château, moulin et rivière, éclairés par un soleil printanier, le beau soleil de Pâques, formaient un paysage merveilleux et qu’admiraient sans doute les regards d’Émile tournés vers le château, quand Frédéric Gorin, accourant près de lui, s’écria :

— N’est-ce pas que ça ne se présente pas mal d’ici hein, c’te bâtisse ? Voyez-vous, si moi je l’avais à vendre, j’amènerais incontinemment l’acheteur par ici.

— Mais vous n’êtes pas chargé de cela, je pense, dit Émile en le toisant.

— Eh ! eh ! si j’avais les reins assez forts… si seulement vot’ papa voulait m’aider, m’sieur Émile. Je l’ai déjà assez tâté pour ça déjà cinq ou six fois, mais il ne veut pas entendre de cette oreille, à cause qu’il est ami de M. de Parmaillan. C’est-il une raison, ça ! Parsambœuf ! l’amitié ne doit pas empêcher les affaires ; les affaires avant tout, c’est connu, et…

— Mais est-ce que M. de Parmaillan veut vendre son château ? demanda Émile.

— Eh ! eh ! il ne le veut point, mais faudra pourtant qu’il y vienne, et plus vite qu’on ne croit. C’est la raison pourquoi, en s’y prenant bien, on ferait un bon coup. Sapristi ! c’est dommage !

— Dites donc, vous autres, crièrent Gustave, Jules et Sylvestre, il ne s’agit pas de causer là-bas. Aux poëlettes ! aux poëlettes !

Pendant que les uns coupaient des branches dans les haies, que les autres disposaient les appâts, Fernand Gavel,