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Sylvestre Perronneau, le fils du maire, avec Jules Bourdon, garçon de treize ans, celui qui avait la bourse au collége. Gustave sauta dans les bras de sa sœur. Émile et Jules descendirent aussi pour embrasser leur cousine, puis M. et Mme Bertin, accourus au-devant de leur fils. Clarisse arriva la dernière.

— Oh ! que tu es changée, ma pauvre cousine ! s’écria Émile étourdiment ; toi qui étais si dodue autrefois !

Clarisse rougit et eut peine à retenir ses larmes. Autrefois, importunée d’une santé villageoise, elle avait souhaité de maigrir, afin d’avoir plus de distinction ! Maigre et pâle, à présent, elle était défigurée. Pauvre fille ! Ce mot d’Émile frappa sur des illusions qui persistaient encore, et que le désespoir pouvait seul remplacer.

Pendant ce temps, Sylvestre Perronneau criait de son tilbury des compliments prétentieux auxquels personne ne prenait garde. M. Bertin l’entendit pourtant, et alla lui donner une poignée de main. Quant à M. Gavel, après avoir silencieusement salué, il regardait cette scène de famille de l’air souverain et dédaigneux qui dès lors était de mode chez les hommes comme il faut, ce qui ne l’empêchait pas de lorgner Lucie du coin de l’œil. Enfin Émile remonta dans l’américaine, et Sylvestre vint à bout de reconquérir Jules, car il tenait à faire son entrée au logis, après avoir traversé le village, en ramenant un des fils Bourdon. Les voitures s’éloignèrent ; la jument poulinière de maître Perronneau suivit à grand renfort de coups de fouet le brillant Gemma, et Gustave resta seul avec ses parents qui le regardaient et lui parlaient tous à la fois.

— N’as-tu pas chaud ? as-tu faim ? demandait Lucie.

— Je crois vraiment qu’il a grandi ! s’écriait M. Bertin.

— Mais comme il est habillé ! Qu’est-ce que c’est que cette redingote en manière de sac ?