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celui-ci tout à coup roula dans le chemin à ses pieds. Surprise, elle ne put retenir un cri.

À ce cri, Michel sauta sur le fantôme et le prit à la gorge. On entendit alors d’étranges râlements, et ces mots entrecoupés :

— Pardon pour mes péchés ! mon bon monsieur le diable ? Héla ! héla ! ayez pitié de moi !

— C’est-il vrai que tu es un homme ? s’écria Michel ; voyons, qui es-tu ?

— Vous le savez ben, je suis le tailleur. Lâchez-moi vite ! Si vous aimez les cierges, ou quoi que ce soit, on vous en donnera.

— C’est, ma foi, le tailleur, dit Michel en se relevant. Pardieu ! vous êtes drôle, vous, de courir comme ça en chemise passé dix heures.

— Et toi qui serres comme un diable, es-tu pas Michel ?

À quelques pas retentissait le fou rire de Lucie.

— Au nom de Dieu, Michel, dis-moi ce que c’est qui rit là-bas, et qui me semblait un revenant ?

— Innocent ! c’est mam’zelle Lucie.

— Mam’zelle Lucie ! à cette heure-là, ici ! Comment que j’aurais pu deviner ? Je voyais ben que ça n’était ni un homme ni une femme, et je songeais pas que ça pouvait être une demoiselle.

Puis, tout en se rajustant du mieux possible, s’adressant à Lucie, dont la robe gris clair paraissait blanche au milieu des ténèbres :

— Ah ! c’est vous, mam’zelle ! Tiens ! vous avez donc pas peur de vous enrhumer, que vous vous promenez comme ça à la fraîcheur.

La voix du tailleur s’était raffermie au point d’être goguenarde. Lucie le remarqua bien, mais dédaignant d’expliquer à cet homme comment elle se trouvait dehors si tard en compagnie de Michel, elle répondit :