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même. Comment se faisait-il ?… Est-ce là ce qu’il appelait ses tourmentements, ses folies ? Peut-être. Mais alors, c’est qu’il est fou en effet.

Elle entendit derrière elle un pas rapide, et à la faible clarté que jetaient de rares étoiles dans ce chemin découvert, elle reconnut à ses côtés Michel, qui dit aussitôt d’un ton triste et humble :

— Vous me trouvez bien malhonnête ! n’est-ce pas, mam’zelle Lucie ? Comment ai-je pu vous laisser toute seule comme ça ? Pourtant, croyez-le bien, ce qui me ferait le plus de peine au monde, ça serait si vous étiez malcontente de moi.

— Vous prenez du souci pour peu de chose, répondit-elle, car le chemin n’est pas long, et je n’ai pas peur.

— Oh ! n’ayez pas peur, dit-il d’une voix émue, car je vous le jure, mam’zelle Lucie, je me battrais plutôt avec le diable, s’il osait seulement passer à côté de vous.

— Il n’osera pas, répliqua-t-elle en riant, soyez tranquille.

Ils cessèrent de parler. À cause de l’inégalité du chemin et de l’obscurité, ils marchaient lentement, le jeune paysan réglant son pas sur celui de Lucie, quand à gauche, au bord du cimetière, ils aperçurent une forme blanche, qui semblait d’abord une boule énorme, puis qui s’éleva, s’amincit et sembla toucher jusqu’aux arbres.

— Qu’est-ce que cela ? demanda Lucie à voix basse.

— Je ne sais pas, répondit Michel d’une voix altérée. Venez, mam’zelle Lucie, nous passerons par le pré.

— Non, non, dit-elle, il vaut mieux savoir ce que c’est.

Elle s’avança vers le fantôme qui sembla courir devant elle, une sorte de voile blanc flottant derrière lui.

— Oh ! je le joindrai, dit la jeune fille : gaiement.

Et voyant que Michel ne la quittait pas, elle se mit à courir, et elle était près d’atteindre le fantôme, quand